Soutenance de thèse de Mariline POUPAUD le 23 Février 2022 à 14h au Cirad Lavalette Amphithéâtre J. Alliot

Ses travaux de thèse de doctorat portent sur l'Evaluation intégrée des programmes de gestion de la santé animale : le cas des partenariats public-privé dans le domaine vétérinaire.

Lien streaming

La soutenance sera également diffusée sur  Ubicast 

Titre

"Evaluation intégrée des programmes de gestion de la santé animale : le cas des partenariats public-privé dans le domaine vétérinaire"

Résumé 

Si les partenariats public-privé (PPP) en santé publique sont étudiés depuis les années 1980, en santé animale, peu d'entre eux ont été évalués. Pourtant, de nombreux PPP dans ce domaine sont mis en œuvre à travers le monde. Ces PPP représentent des approches conjointes dans lesquelles les services vétérinaires publics et des parties prenantes privées tels que des vétérinaires privé·es, des associations de producteur·rices ou des entreprises privées, travaillent ensemble pour relever des défis complexes en matière de santé animale. Dans cette thèse, il est question de PPP pour la surveillance, la prévention et le contrôle de maladies animales infectieuses. Si des avantages de ces formes de collaborations existent, elles présentent aussi des risques. L’objectif de cette thèse était de développer un cadre d’évaluation intégrée en s’intéressant aux attributs et aux propriétés de ces PPP. Ces derniers informeraient l’évaluation du processus et de la portée de ces PPP pour en limiter les risques et favoriser des effets positifs. 

Ce travail de thèse s’appuie à la fois sur des cadres préexistants (de l’approche réaliste en santé publique et de la durabilité), sur une revue de la littérature, et sur les thèmes émergeant de l’analyse de 4 cas d’étude, qui ont été mis en dialogue pour aboutir à un cadre d’évaluation. Des approches participatives ont été mobilisées dans les cas d’études, permettant de considérer la pluralité des points de vue des parties prenantes impliquées ou impactées par ces PPP. Des opinions, perceptions, et interprétations nuancées et diverses ont ainsi été recueillies. Ces approches ont ainsi permis d’appréhender l’organisation des PPP et leurs effets tels que perçus par ces acteur·rices, favorisant une vision systémique du PPP. 

Dans un premier temps, une revue de la littérature sur les évaluations des PPP dans le domaine vétérinaire et de la santé publique a permis d’identifier les différentes méthodologies et critères d’évaluation existants. Cette revue nous a permis de proposer une première ébauche de cadre d’évaluation des PPP centré sur le concept de la durabilité. Le cadre d’évaluation proposé peut se découper en analyse du contexte, analyse du processus et analyse des résultats des PPP. Dans une deuxième partie de la thèse, pour être en mesure d’opérationnaliser l’analyse de contexte, deux méthodologies sont proposées. Une perspective historique d’un PPP au Paraguay permet de retracer l’émergence de la collaboration entre le secteur public et le secteur privé pour le contrôle de la fièvre aphteuse, et d’identifier les différents facteurs qui ont influencé la structuration de ce PPP. Une cartographie de parties prenantes au Laos, dans une perspective ex ante d’un éventuel PPP pour la gestion de l’antibiorésistance, permet d’identifier les connexions entre les parties prenantes, de comprendre comment elles s’influencent mutuellement, et d’explorer leurs intérêts et contraintes. Dans une troisième partie de cette thèse, pour être en mesure d’analyser le processus de fonctionnement d’un PPP, un outil d’évaluation de la qualité du processus des PPP a été développé. Ce développement a été permis grâce aux critères identifiés dans la revue de littérature, une élicitation d’opinions d’expert·es (du secteur public et du secteur privé) et deux cas d’études. Cet outil s’intéresse particulièrement au fonctionnement de coordination, de collaboration et de gouvernance des PPP. Cet outil a ensuite été appliqué sur un PPP en Tunisie correspondant au mandat sanitaire vétérinaire. Finalement, dans une quatrième partie de la thèse, une application participative du chemin d’impact sur un PPP en Ethiopie dans le secteur de la volaille a permis de s’intéresser aux résultats et impacts permis par le PPP, ainsi que la contribution du PPP pour atteindre ces impacts. Les parties prenantes ont identifié une diversité d’impacts qui ont été caractérisés par des indicateurs. 

Le cadre d’évaluation intégrée développé dans cette thèse vise à identifier des points d’amélioration des processus et des résultats des PPP en matière de santé des humains, des animaux et des écosystèmes, dans une perspective de durabilité. Ces objectifs s’intègrent donc explicitement dans une approche One Health, comprise comme appartenant aux sciences de la durabilité. Plusieurs difficultés liées à l’opérationnalisation de l’évaluation ont été identifiées, notamment la considération de la dimension environnementale et la participation des parties prenantes impactées négativement par les PPP. Ces difficultés limiteront la mise en place de changements des PPP évalués et donc les chances de favoriser une trajectoire plus durable. Pour dépasser ces difficultés opérationnelles, ce cadre d’évaluation peut être utilisé dans une perspective d’accompagnement sur le long terme par une équipe interdisciplinaire d’évaluateur·rices. Ces travaux méritent d’être continués pour faire évoluer ce cadre d’évaluation. Par exemple, il serait intéressant de considérer d’autres échelles d’évaluation comme l’échelle individuelle ou l’échelle des réseaux d’acteur·rices, d’approfondir l’analyse des jeux de pouvoir, et de réfléchir à une réelle considération de la dimension environnementale dans l’évaluation des PPP en santé animale.

Jury

Nicolas ANTOINE-MOUSSIAUX (Université de Liège, faculté de médecine vétérinaire, socio-économie de la santé animale) - Promoteur
Marisa PEYRE (CIRAD, UMR Astre, épidémiologie et économie de la santé) - Co-promotrice
Cécile AENISHAENSLIN, Université de Montréal, Faculté de médecine vétérinaire - Membre externe
René POCCARD CHAPUIS, Cirad, UMR Selmet (Systèmes d’élevage méditerranéens et tropicaux) - Membre externe
Catherine FALLON, Faculté́ de Droit, de Science politique et de Criminologie, Département de science politique - Membre interne de l’Université de Liège
Sibylle MERTENS, Ecole de Gestion, UER Management : entreprenariat social, Centre de Recherche d’Economie Sociale - Membre interne de l’Université de Liège
Frieda VANDENINDEN, Faculté́ des sciences sociales, Département des sciences sociales, Economie politique et économie de la santé - Membre interne de l’Université de Liège
Etienne THIRY, Faculté de médecine vétérinaire, Département des Maladies Infectieuses et Parasitaires - Membre interne de l’Université de Liège

Publiée : 10/02/2022